Sergio avait entendu parler du World Express mais, il n'avait pas encore eu l'occasion de l'utiliser. En réalité, il n'avait aucune idée de la destination à choisir. Il y avait tellement d'endroit qu'il aimerait découvrir, ou redécouvrir sans le savoir. Mais pour l'instant, il avait d'autres préoccupations en tête. En effet, dans l'immédiat, tout ce qu'il désirait c'était que la mémoire lui revienne enfin. Et pour l'instant, celle ci ne semblait pas être décidée. Il détestait ne rien connaître à son sujet. Il avait d'ailleurs conscience que les gens pouvaient lui mentir délibérément en lui faisant croire ce que eux désiraient. Et rien que de savoir cela lui foutait la trouille. En effet, il ne pouvait pas se permettre de suspecter tous ses proches et il devait leur faire confiance, tout simplement.

Depuis ses 18 ans, il vivait seul chez lui. A peine la majorité arrivée qu'il avait quitté le domicile familial. A l'époque, il avait eu une raison très précise puisqu'il voulait juste s'éloigner de la pression que lui mettait son paternel. Après son retour parmi les vivants, son père avait trouvé un mensonge à ce sujet. Il lui avait ensuite proposé de retourner dans le palace des Velasquez pendant sa convalescence. Mais, même amnésique, ce dernier refusa préférant rester seul.

Ce matin là, le jeune homme se réveilla en sursaut dans son lit, il avait eu une sorte de flash back. Depuis son accident, celui lui arrivait fréquemment, mais, c'était un vrai casse tête à reconstruire puisque bien sur, les images qui lui apparaissaient n'était pas classé par ordre chronologique. Aujourd'hui, il avait eu droit à son fameux accident de moto donc, le dernier souvenir qu'il avait perdu. N'ayant pas envie de retourner dans l'antre au cauchemar, il décida donc de se lever et de commencer sa journée même si c'était plutôt l'aube. Il se prépara un copieux petit déjeuner et l'avala en un clin d’œil, il avait un appétit d'ogre. Est ce que cela avait toujours été ainsi ou c'était tout nouveau ?

Finalement, après une douche bien méritée, il s'installa donc dans son fauteuil et alluma la télévision, et, c'est ainsi qu'il ne vit pas l'heure tourner. En effet, il était presque midi quand la sonnette de la porte d'entrée retentit. Il se leva surpris se demandant qui pouvait bien lui rendre visite. Il craignait de se retrouver face à quelqu'un qu'il ne reconnaissait pas. Enfin, le meilleur moyen de savoir qui était ce visiteur était d'aller ouvrir. Il se dirigea donc d'un pas vif vers l'entrée, posa sa main sur la poignée et ouvrir la porte. Il se retrouva face à une jeune femme blonde très belle.

Bonjour, que puis je faire pour vous Mademoiselle ? demanda alors le gentleman espagnol.

Une boule s’était logée dans l’estomac de la demoiselle qui attendait... Attendait. Ca lui parut une éternité alors que même pas trente seconde plus tard un jeune homme vint lui ouvrir la porte. Les yeux de la blondinette se perdirent alors sur celui-ci ; il n’avait pas changé. Juste vieillit un peu, mais il avait gardé tout ce qui avait fait fondre Jazz’ pour la première fois, allant peut-être même jusqu'à dire qu’il a gagné en charme ces six dernières années. C’est à peine si la mâchoire de la belle ne se décroche pas. Elle reste la pendant plusieurs secondes, a le regarder, a l’observer. Un tas de souvenir la submerge alors, comme un film qui défile dans sa tête. Le jour où les deux jeunes gens se sont rencontrer, Jazz’ n’avait que dix-sept ans a l’époque et elle était bien loin de se douter que le bel espagnol allait devenir le père de sa fille.

Jazzlyn finit par redescendre sur terre aux paroles du jeune homme qui venait de lui ouvrir la porte. La belle fixait l’azur des yeux de son interlocuteur qui ne semblait pas la reconnaître. Un fin sourire finit par se dessiner sur les lèvres de la jeune femme qui tentait ainsi de camoufler sa déception. Est-ce qu’elle avait tant changé que ça ? Il ne lui avait pas semblé, mais après tout six ans c’est long. Ou peut-être l’avait-il tout simplement oublié ? Ce qui aurait bien pire aux yeux de la belle. Peut-être que le coup de foudre n’avait pas été réciproque et que le beau l’avait oublié en un clin d’œil. Quoi qu’il en soit, la blondinette fit en sorte de dissimuler au mieux tout le trouble présent dans son esprit, son mince sourire toujours accroché aux lèvres.

« Sergio ? Je ne pensais pas avoir tant changé que ça... C’est moi, Jazz’, Jazzlyn Anderson. Tu sais l’Australie tout ça... »

Pour être honnête, la blondinette s’attendait a un « Oh mais oui Jazz’ ! Je ne t’avais pas reconnu, tu m’as manqué ! » mais un mauvais pressentiment l’envahissait. Comme une petite voix qui lui soufflait que ça n’allait pas être si simple.
Après tout, qu’attendait-elle réellement dans le fond en étant ici, sur le pas de la porte du jeune homme ? Qu’il lui tombe dans les bras et qu’ils reprennent leur histoire la où ils l’avaient laissé six ans plus tôt ? Tellement idyllique comme programme... Son regard était plongé sur celui du jeune homme, espérant y desceller la moindre petite étincelle, le moindre petit battement de cil qui prouverait qu’il ne l’a pas oublié, mais c’est comme si elle connaissait la réponse a l’avance. Jazzlyn garda néanmoins son sourire aux lèvres. Après tout, s’il se souvenait malgré tout d’elle, elle ne voulait pas passé pour la jeune femme désespérée qu’elle était dans le fond. Parce que oui, il lui avait terriblement manqué durant toutes ces années et dans l’instant présent elle aurait voulu le prendre dans ses bras.

Sergio en avait marre d'avoir cette tête vide, il aurait tellement aimé avoir tous ses souvenirs, se rappeler de toute sa vie et ne pas avoir à demander aux gens de l'aider. C'était horrible pour lui cette situation, mais, cela ne devait pas non plus être facile pour autrui puisqu'il ne le reconnaissait plus. Enfin, pour l'instant, il n'avait pas le temps de se poser mille et une questions à ce sujet puisque la sonnette de sa porte d'entrée l’interrompis dans ses pensées. Il en sortit contrait et forcé en quelque sorte. Il n'attendait aucunes visites et donc s'interrogeait sur "qui pouvait bien venir le voir en cette fin de matinée". Il lui suffisait juste d'aller ouvrir pour avoir la réponse à cette fameuse question.
Bien évidemment c'est ce qu'il fit et, seulement quelques secondes plus tard, il se retrouvait face à une inconnue, enfin, ça c'est ce qu'il pensait, putain d'amnésie.

Pendant un court instant qui lui sembla une éternité tellement il se sentait gêné, la jeune fille le dévisagea de la tête au pied. On aurait dit qu'elle le connaissait mais bon, il n'en était pas sur. Il se surprit alors lui même à regarder les traits du visage de la belle blondinette. Et il n'y avait pas à dire, elle était vraiment très belle. C'était tout à fait son genre de fille, enfin, à son avis. D'ailleurs, quel était vraiment son genre ? Il n'en avait aucunes idées en réalité.

Finalement, il prit la parole lui demanda ce qu'elle désirait. A ses mots, l'on pouvait vite comprendre qu'elle ne le reconnaissait pas. En voyant le visage déçu de la jeune femme il se sentit coupable mais bon, faire comme s'il la reconnaissait n'aurait pas non plus été d'une grande aide, soyons honnête. Il voyait bien qu'elle essayait de camoufler sa déception mais, cela ne fonctionnait pas, le jeune espagnol n'était pas vraiment dupe.

Excusez moi ... je ...

Il s'interrogeait, comment expliquer tout ça à cette fille qui semblait si bien le connaître alors que lui ne savait même pas de qui il s'agissait.

Vous devriez entrer.

Il s'effaça pour que la jeune femme puisse passer et entrer dans sa demeure. Il lui désigna un siège pour qu'elle s'asseoit.

Je peux vous demandez comme l'on s'est rencontré ? Vous ... vous êtes qui pour moi ?

Devant l'air interloqué de son invitée, il décida de lui fournir des explications.

Hum, voilà, il y a 3 mois, j'ai eu un accident de moto et depuis, je suis ... amnésique, je me souviens de rien, absolument rien. J'ai quelque flash de temps en temps mais, rien de plus. J'ai besoin de reconstruire le puzzle de ma vie. Voulez vous bien m'aider ?

Elle était sa dernière chance car son père ne lui avait rien apprit de plus à part qu'il était un peintre hors paire. Il ne lui avait ni parler de ses anciennes petites amies, ni de ses amis ... à croire qu'il n'avait pas de vie sociale avant ce foutu accident.

C’est à peine si le joli visage de la demoiselle ne se décomposait pas malgré ses efforts pour garder le sourire. C’était évident, il ne se souvenait pas d’elle et c’était terriblement frustrant. Ils avaient vécu quelque chose tous les deux, quelque chose de fort... Du moins elle y avait cru.
Lorsque le jeune homme l’invita à entrer, Jazz’ s’exécuta sans un mot, complètement sonnée. Elle s’installa sur la chaise, jetant un bref coup d’œil à la décoration intérieur. Elle n’y prêta à vrai dire, pas une grande attention, ses yeux se posant finalement sur l’espagnol qui venait de l’inviter. Il l’avait invité, c’était déjà ça, il ne la prenait pas pour une folle non plus. Puis le visage de la blondinette se décomposa un peu plus au fur et à mesure des révélations du jeune homme. Un accident de moto ? Rien ? Plus rien ? Ce n’était pas possible. Pourtant il semblait terriblement sincère, ses yeux ne trompaient pas. Jazz’ laissa alors échapper un rire, plus nerveux que tout autre chose.

« Je... Euh... Wouaw ! Si je m’étais attendue à ça... » La belle se passa la main dans sa longue crinière blonde. « Bien sur que je veux bien t’aider, évidement ! »

Puis elle se leva et fit quelque pas dans la pièce. Par où commencer ? Dans le fond, elle ne le connaissait pas plus que ça, ils n’avaient passé que quelques semaines ensemble, le temps des vacances d’été. Vacances inoubliables pour la petite blonde. Mais il fallait qu’elle l’aide il semblait en avoir réellement besoin. Jazz’ finit par se poser, à quelques mettre du jeune homme, posant les mains sur les hanches.

« Pour être honnête, on se connait pas énormément... On s’est rencontré en Australie il y a six ans, tu y étais en vacances avec ta famille et on est sortis ensemble. Bon ta famille n’était pas trop d’accord pour qu’on se voir parce qu’on n’était pas du même ‘milieu’ mais on a continué de se voir en cachette. » Une petite pause, ça lui faisait vraiment bizarre de devoir raconter ça alors qu’il était là. Est-ce qu’elle devait lui dire qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre ? Comme si elle pouvait dicter les sentiments de quelqu’un. « On a passé de bons moments ensemble... De très bons moments même... » fit-elle, un mince sourire nostalgique se dessinant sur ses lèvres. « A la fin du séjour, tu m’as donné ton adresse pour qu’on puisse garder contact. Tu m’as envoyé une première lettre, je t’en ai envoyé plusieurs par la suite mais je n’ai jamais eu de réponse... »

Le regard de la jeune femme avait finit par croiser les iris azurs du beau brun et elle n’arrivait plus à s’en détacher. Qu’est ce qu’il avait pu lui manquer. Cette situation était tellement étrange... Jamais. Jamais elle n’aurait pu imaginer ça. S’en était presque si elle oubliait la raison de sa venue ici, l’important pour l’instant c’est qu’il se souvienne d’elle... D’eux. Jazzlyn se passa une nouvelle fois la main dans les cheveux ce qui traduisait clairement sa nervosité.

« J’ai quelques photos dans mon sac... Ca pourrait peut-être t’aider ? Ou tout du moins ça te prouverait que je ne suis pas une folle qui profiterait de la situation en se faisant passé pour un de tes ex... »

Comment est-ce que tu peux plaisanter dans un moment pareil ? Sur l’instant la belle se serait bien mise une claque, mais elle se hâta vers son sac, ou tout du moins ce qui aurait du être son sac mais qui ressemblait plus à un véritable foutoir. Les photos se trouvaient dans son agenda.