Lukas Wilson n'est pas le genre de mec à avoir vécu une vie totalement originale ou même passionnante. Au contraire, son histoire, son passé à lui est très banal, commun dans le genre. Pas de parents détestés ou décédés, pas de fugues, rien de tout cela. Non, Lukas a eu une vie simple jusque-là, et il n'en s'en plaint certainement pas !


Né dans un petit quartier sympa de Perth, en Australie, son prénom « Lukas » fut sélectionné par son père, en raison de son admiration pour l’écrivain Georges Lucas, célèbre auteur de la saga Star Wars. Monsieur Wilson était un australien pur et dur, natif de Sydney ; il avait rencontré son épouse lors de ses études en Europe et était tout de suite tombé sous le charme. Cette dernière venait d’Italie, et conservait une merveilleuse beauté malgré son âge croissant. Avec de tels parents aimants, ne rêvant que d’une vie de famille tranquille, Lukas ne put avoir qu’une enfance heureuse et rêvée de tous. Ce qu’il préférait, c’étaient les moments, rares mais existants, que lui consacrait son père, habituellement occupé de par son métier d’avocat, pour lui enseigner un ou deux sports, développer sa culture littéraire ou musicale ou tout simplement, ces moments où il l’emmenait en promenade. Mais il avait tout autant besoin de la tendresse de sa mère, seule présence féminine à ses côtés jusqu’à la fin de son innocence.


Puis vint l’adolescence et les difficultés habituelles, notamment le problème des résultats scolaires. En effet, Lukas était atteint de suractivité et de dyslexie. Ces deux handicaps l’empêchaient de se concentrer suffisamment en cours, surtout que le jeune homme n’aimait tout simplement pas le fait de rester assis pendant des heures et d’écouter les discours soporifiques d’un guignol qui croit avoir la science infuse. Non, pour lui, cela représentait de précieuses minutes de sa vie qu’il perdait inutilement. Evidemment, ses parents n’étaient pas du même avis, et finalement, au bout de longs conflits, ils trouvèrent une solution qui les arrangèrent tous : Lukas déclara qu’il aspirerait à un métier jugé « actif », tel que pompier. Ouais, pompier, ça lui plaisait beaucoup ! L’enfant enfouit en lui avait toujours rêvé d’être un héros et d’une certaine manière, si ce projet aboutissait, alors il en deviendrait un.


Ce problème réglé, un autre fit surface : Lukas s’était mis à fumer…comme un véritable pompier ! Avant des évènements importants, examens, discours à prononcer et autre connerie du genre, le jeune homme était souvent victime de crise de stresse ; la clope l’aidait à envoyer des ondes positives dans tout son corps, le détendant jusqu’au dernier des muscles. Son père n’en était pas fier mais il ne pouvait s’en empêcher : il était tout simplement devenu accro.


Populaire, les sorties étaient fréquentes, tout comme les soirées de beuveries. Et bien entendu, prévoyant et prudent, le jeune homme faisait bien attention à ses fréquentations et surtout, à ne pas déconner. Non pas qu’il était coincé mais il ne pouvait pas supporter le fait de décevoir ses parents. Et puis…il n’éprouvait pas tellement le besoin d’aller se défoncer à coup de coke, une Tequila en main et provoquer un accident. Il adorait les plaisirs, mais faisait toujours en sorte que ça ne nuise à personne, lui en premier.


En parlant de plaisir, en tant que véritable mâle, Lukas a toujours adoré le sport. Que ce soit de la musculation, du surf, du volleyball ou du soccer, il lui faut absolument son heure de sport par journée ! Il adore plus que tout le rugby et le football australien, et pratique régulièrement le surf, surtout en week-end. Il a appris à s’imprégner des passions de son père car, comme lui, il est fan du vieux rock ou de la voile. Il possède même son propre bateau et en est très fier.
Le moment de l’indépendance arriva enfin, doucement mais sûrement. D’un côté, Lukas était vraiment content, il allait enfin vivre sa propre vie comme bon lui semblait. Mais l’ambiance familiale lui manquerait : le doux son de la marmite bouillante sur le feu et l’odeur qu’elle dégageait, le « Je suis rentré ! » lancé à la cantonade chaque soir par son père, aux dix-neuf heures tapantes… C’était comme quitter un monde, pour plonger dans un autre. Quoiqu’il se passe, Lukas promit qu’il donnerait de ses nouvelles, même s’il ne quittait pas la ville de Perth. Il changeait simplement de quartier, s’éloignait un peu du nid familial. Il était devenu un pompier professionnel, reconnut par la troupe : certes il était l’un des plus jeunes, mais certainement l’un des plus compétents, tout du moins, courageux. D’ailleurs un évènement, le seul plus ou moins marquant de toute son histoire, prouvait à quel point il était un homme hardi et tenace.


Cela se déroulait lors de sa vingt-quatrième année. Sa brigade avait été réquisitionnée pour faire face à un immeuble croulant sous les flammes. Alors que tous croyaient les habitants hors de danger, l’un d’entre eux signala qu’il manquait deux personnes : un père, vivant seul avec sa fille âgée de quelques années, quatre ou cinq ans peut être. Impulsif, Lukas ne réfléchit pas plus et fonça vers le bâtiment délabré, sans se préoccuper des avertissements et des mises en gardes de ses confrères, les firefighters. Il se jeta dans une ouverture, heurtant brutalement un mur qui tomba en cendres suite au choc. N’y faisant pas attention, Lukas traça sa route, cherchant dans les moindres recoins, les yeux plissés, et le souffle retenu à cause de la fumée qui dérangeait sa vision et qui l’empêchait de respirer comme bon lui semblait. Il avait quelque peu le tournis mais l’image d’une petite fille sous les flammes raviva son courage, et le revoilà lancé à la recherche du père et de sa gamine. Finalement, une drôle de silhouette se dessina, de plus en plus nettement à mesure qu’il approchait. Un homme avait son corps recourbé, et le jeune Wilson devina qu’il tentait tant bien que mal de protéger sa fille. Heureusement, ils étaient au rez-de-chaussée et trouver un passage comme une sortie de secours ne fut pas un problème pour Lukas qui donna un féroce coup de pied à la façade face à lui déjà bien entamée par le feu.

« Sortez, vite, dépêchez-vous ! »

Voyant que le père hésitait quelque peu, Lukas l’empoigna sans délicatesse par l’épaule pour le pousser vers la sortie, tandis qu’il s’occupait de transporter lui-même la petite, la protégeant des ruines qui tombaient. Il ne la lâcha qu’une fois dehors, mais pourtant, quelque chose qui semblait être une poutre s’écroula sur son bras gauche et, asphyxié, Lukas perdit connaissance.


« Le patient s’est réveillé. »

L’infirmière, soulagée, disparut dans les couloirs tandis que réapparaissaient un homme plutôt âgé et une jeune femme, brune, qui attira le regard las de Lukas. Il était hospitalisé et avait failli perdre la vie lors de cette aventure. Les risques du métier comme on dit. Incapable de bouger son bras gauche –il est gaucher-, il se rendit compte seulement maintenant que celui-ci était emplâtré.

« Bonjour monsieur Wilson. Je suis le docteur Smith et voici votre future kinésithérapeute : mademoiselle Julians. »

« Bonjour. »

A moitié endormi, Lukas étouffa un baille par crainte de paraître malpoli, puis répondit, d’une voix fatiguée qui ne lui ressemblait vraiment pas :

« Enchanté. Docteur Smith, qu’est-ce que je fais ici ? »

La jeune femme, mademoiselle Julians, quitta la pièce, s’excusant en annonçant qu’elle avait du boulot. Le docteur put ainsi expliquer correctement à son patient exactement tout ce qu’il avait eu jusqu’ici, et cela s’était terminé par un bras cassé.

« Vous aurez besoin d’une rééducation. Mademoiselle Julians possède les qualités, vous verrez. Ses patients n’ont jamais été mécontents de son travail. »

Rêveur, Lukas répondit simplement :

« Elle a un drôle d’accent. Elle n’est pas d’ici ? »

« Oh non, elle habite à Manhattan. Elle est américaine. »

« Vous avez engagé pour un australien comme moi une kiné venant d’Amérique.. ? C’est à l’autre bout du monde ! »

[color=teal]« Elle est en mobilisation ici, pour quelques mois. Une histoire comme ça, je ne sais plus trop, après c’est la première à s’être proposée pour votre cas, et elle a les qualités requises donc… » [color]

« Je comprends. Je vous remercie docteur. »

Un sourire, et ce dernier quitta la pièce tandis que Lukas restait plongé dans ses pensées. Amérique hein… Hey bien, les américaines et leur physique avantageux (cas de sa kiné) ne lui déplaisaient pas du tout, bien au contraire !


Au bout de plusieurs mois, le bras gauche du jeune pompier redevint comme neuf, et ce, grâce aux talents de masseuse de sa kiné, et surtout, ses méthodes douces et agréables. Ils avaient tous deux fait connaissance, ça avait commencé par des rendez-vous médicaux, puis au fur et à mesure, des sorties toujours proposées par Lukas : boire un café, manger un morceau, ainsi de suite. Elle s’appelait Amy, et avait déjà passé le cap des vingt ans depuis un bon bout de temps, elle était cultivée et extrêmement intelligente, bien qu’il n’en paraissait rien au premier abord. Comme quoi, il ne faut pas garder de faux préjugés quant aux Q.I. des américains… Et pour dire la vérité, cette fille, Amy, lui plaisait beaucoup. Lukas sentait presque une réciprocité dans cette attirance cependant, il préféra ne pas s’engager dans une relation… Un jour ou l’autre, elle devrait rentrer en Amérique, et le jeune homme ne souhaitait pas dépendre d’elle, ni d’une relation à distance. Ce fut donc pour cela qu’il la regarda prendre l’avion un jour pourri, à son goût, sans avoir tenté de faire le premier pas. Amy pour sa part, s’attendait à un geste, un signe de la part de Lukas, mais il n’en fut rien. Déçue, elle se disait qu’elle avait peut être halluciné, qu’en réalité, ce beau pompier ne ressentait rien pour elle. L’Australie lui avait plu, mais elle devait rentrer chez elle, et avait fait promettre à Lukas de venir la voir un jour.

« Promets-moi que tu viendras en Amérique… »

« C’est promis, Amy. Et toi, tu me promets que tu ne m’oublieras pas ? »

« Je ne t’oublierais pas. Je t’attendrais même. Prends bien soin de toi… et de ton bras gauche ! »

« Tes massages vont me manquer… »

« Bye Lukas.. A la prochaine. »


Deux ans après, et nous voilà face à Lukas, s’apprêtant à rendre visite sa Belle qu’il n’avait pas oublié malgré les relations non sérieuses qu’il avait engagées pour tenter de l’oublier. En effet, il avait rassemblé de l’argent de côté afin de se payer un voyage à l’autre bout du monde. Cependant, un problème de dernière minute survint : son père dut se faire hospitalisé… L’opération coûtait une fortune. Lukas se sacrifia, heureux d’aider son père, mais triste à fendre le cœur de se dire qu’il devrait tout recommencer, qu’il ne pourrait pas rendre visite à Amy. De plus, il craignait que celle-ci ne l’ait oublié, ou alors qu’elle soit vraiment fâchée de n’avoir pas eu de nouvelles de Lukas ces dernières années. Toutes les lettres, mails et appels qu’il lui envoyait n’arrivaient pas à destination apparemment. Il tentait de se remotiver, se rassurant avec de belles pensées, comme les moments passés à faire de la voile, ou alors les moments passés en compagnie d’Amy, même si leur relation n’était jamais allée bien loin… Dieu, qu’il pensait à elle, et comme il avait hâte de la revoir. Attendez de voir sa tête lorsqu’il apprendra le concept du World Express.